La crèche en Roumanie

Notre expérience à la crèche de Brasov, en Roumanie, se termine. Nous n’avons pas réalisé de film car nous n’avons pas pu obtenir les autorisations parentales. Mais j’ai quand même eu envie, avec mes mots, de vous faire partager ce qu’on a vécu.
Pour ceux qui nous connaissent, vous comprendrez très vite que ce modèle n’est pas en harmonie avec la vision que nous avons de la petite enfance. Mais dans ce blog, il est important pour nous de vous faire partager toutes nos expériences. Alors peut-être certains d’entre vous se reconnaîtront comme nous dans le modèle allemand ou dans l’école dans la forêt mais peut-être que d’autres apprécieront davantage la pédagogie que je vais vous présenter dans les lignes qui viennent. Alors, bonne lecture à tous !

Les enfants qui sont accueillis dans cette crèche, dont le nom est « crèche numéro 1 » (parmi les 8 de la ville), ont entre 6 mois et 3 ans. Nous passons notre semaine dans le groupe des « grands » : majoritairement entre 2 et 3 ans. Si nous comparons au système français, il s’agit donc d’une année en crèche, la dernière avant l’entrée en maternelle.

La pièce, la voilà :

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Les matinées (nous ne restons pas l’après-midi) sont organisées ainsi : une succession d’activités dirigées par l’enseignante (« teacher » en anglais, même s’il s’agit d’une crèche). Les nurses, de 2 à 3 par groupe de 25 enfants, sont présentes pour assister l’enseignante, distribuer les jeux, placer les enfants, faire preuve d’autorité pour que les enfants se taisent, restent assis et écoutent l’enseignante (les « chut » sont nombreux).

Je vous propose de suivre une « journée type », pour ces petits loups de 2 ans.
A 9h, à notre arrivée, les enfants sont sur le pot, tous ensembles et y resteront jusqu’à 9h30 environ.
Puis, la journée se poursuit avec l’activité « chant, comptines, histoires ». Les enfants, assis sur une chaise en cercle ou face à leur petite table, chantent, imitent les jeux de doigts, écoutent le CD et/ou l’enseignante.
Une fois cette première partie terminée (30 minutes environ), les enfants sont répartis sur des chaises pour les « activités dirigées » : puzzles, jeux d’assemblage, animaux en plastique, etc. Pour ces activités, les supports sont distribués aux enfants (tel puzzle pour tel enfant, tel animal pour tel enfant…) et choisis par l’enseignante. Les jeux ne sont en accès libre à aucun moment.
En parallèle, l’enseignante peut proposer une activité individuelle de quelques minutes pour « évaluer le niveau de chaque enfant ». Nous avons pu assister aux collages des gommettes par exemple. Ce genre d’activité est sous consigne : coller la gommette à tel endroit. L’enseignante guide l’enfant par la parole mais aussi par le geste en tenant la main de l’enfant pour l’amener à réaliser « correctement » l’exercice.
Puis , vient le temps du jeu « libre » : un support de jeu est proposé par l’enseignante (dînette, cubes …) et les enfants, au sol pour la première fois de la matinée, peuvent explorer le matériel proposé à leur guise ou en fonction d’une consigne : « Mettre les cubes dans les trous appropriés ».
Enfin, vient le temps « motricité ». Nous avons pu assister à la séance dans la salle de motricité, un vrai régal pour ces petits loups ! Les autres jours, la motricité se faisait au sein de la pièce. Par exemple, une draisienne est mise à disposition pour tout le groupe. Chaque enfant désigné fait un aller-retour dans la pièce sous les yeux de ses petits camarades qui attendent  leur tour et qui, comme on leur a appris, applaudissent et hurlent en chœur « bravo » à l’arrivée du petit copain. Même chose avec un tunnel en tissu ou un parcours de chaises.
La matinée se termine, il est 11h30, heure pour passer à table.

Comme vous l’aurez peut-être remarqué, je n’ai pas évoqué l’extérieur, le voici en photo:

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Ces jeux ne sont pas utilisés car, je cite, « il faudrait l’autorisation parentale pour pouvoir aller dehors et il est difficile de contrôler les enfants de cet âge quand ils sont à l’extérieur« . Les enfants passent donc leur journée (activités, siestes, repas) dans leur pièce.

Je suis loin de vous avoir tout décrit, j’en garde pour mes propres souvenirs que je me ferai un plaisir de partager à notre retour 😉 Cette expérience a, encore une fois, été très formatrice pour nous. La petite enfance est le reflet de la société, de sa mentalité, de ses désirs. Tout cela, moulé dans une histoire et un passé qui influent énormément la manière de considérer nos tout petits, de leur faire confiance (ou non), de les rendre autonome (ou non), de leur permettre « de donner vie à leurs idées » comme disait Marketa de l’école dans la forêt.

Je tenais à remercier Corinna (l’enseignante), qui lundi matin encore, suite à quelques quiproquos, ne savait pas qui nous étions et quel était notre projet et qui nous a accueilli à bras ouverts dans son groupe. Merci à elle de nous avoir accordé sa confiance et d’avoir accepté de nous dévoiler des choses sur son pays, sur son travail, sur le système roumain, sa mentalité, sur ce pays qui « ne connaît pas la démocratie depuis longtemps »…

Au plaisir de reparler de vive voix et de manière exhaustive de cette expérience avec vous !
Pauline

5 Des réflexions sur “La crèche en Roumanie

  1. un petit commentaire après notre bavardage de ce matin. J’ai beaucoup de souvenirs de reportages du temps de Caousescou (je ne me souviens pas comment ça s’écrit mais vous comprendrez) et je pense quand même qu’il y a du changement. C’est sûr que ce n’est pas notre état d’esprit mais les enfants d’aujourd’hui seront moins enfermés dans leur pays et pourront développer un nouvel état d’esprit. 1989 ce n’est pas très loin. Souhaitons-leur le meilleur.
    Bisous et bon voyage en Bulgarie.
    Maman

  2. Quel contraste avec l’école de la Forêt !Trop rigide, trop bien rangée, trop dirigée….On en reparle à votre retour ! Mais pas facile dans ce pays encore « tout neuf ». Bonne route avec les moumoutes car le froid doit être arrivé ?
    Un gros bisou tout chaud Mamie Nicole

  3. En effet, quel contraste avec l’école de la forêt. C’est indispensable, et vous le faites bien, de mettre en perspective ces manières d’être avec les enfants, avec l’histoire politique du pays. Le sentiment de peur semble prédominer : peur que les enfants échappent au contrôle, peur des parents… Un sentiment dévastateur. Comme dit la maman de Matthieu: « Souhaitons leur le meilleur ». Bises à tous les trois et couvrez-vous bien !!!

  4. Un petit coucou à Martin et ses parents
    Nous avons rencontré Martin dans la télécabine de Brasov mardi dernier
    Il nous a parlé en volapück et nous lui avons répondu de même avant que lui et nous découvrions que nous parlions le français …
    Quel tonus dans les pentes !
    Oui la Roumanie est une jeune démocratie mais ses habitants sont imprégnés des décennies précédentes et ont du mal à trouver la sérénité.
    Continuez votre belle expérience vers le sud de l’Europe.

    Christine ( ex institutrice maternelle) et Francois 2 ligériens à la découverte de la Roumanie avec Carmen, jeune roumaine venue vivre en France

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